Quelles émotions peut provoquer un homme comme Victor Hugo?

Quand je suis arrivée à Besançon pour y vivre, il y a maintenant plus de 30 ans, je ne me doutais pas que Victor Hugo m’apporterait autant d’émotions. Ne connaissant pas du tout cette ville, j’ai été frappée de voir que le nom de Victor Hugo était partout. Collège, lycée, place, café… partout le nom du grand écrivain français. Je savais qui était cet homme qui a porté la littérature française dans le monde entier. Mais pourquoi cette présence à tous les coins de rues? Savez-vous ce qui lie Victor Hugo à la ville de Besançon ?
La maison natale de Victor Hugo
Et bien tout simplement, Victor Hugo est né à Besançon le 26 février 1802 au 140 Grande rue. Ironie de l’histoire : Si Besançon est unique dans la vie de Victor Hugo parce qu’il y vit le jour, c’est sans doute l’endroit où il vécut le moins longtemps. En effet il quitta la ville âgé seulement de 6 semaines.
Son père, Léopold, militaire et incorrigible querelleur, fut muté à Marseille avec son régiment. Ainsi suivit la famille Hugo.Elle comprenait Sophie, la tendre mère dont Victor Hugo dira lui-même « que de lait pur, que de soins, que de vœux, que d’amour » l’avaient fait « deux fois l’enfant de sa mère obstinée » et les deux frères, Abel âgé de 3 ans et Eugène de 15 mois. Il faut dire que Victor-Marie, mort à 83 ans, un âge canonique à l’époque où l’espérance de vie était inférieure à 50 ans, fut un nouveau-né tellement malingre que la sage-femme avait déclaré qu’il ne vivrait pas ! Mais sa destinée était toute autre !
“Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte, Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte, Et du premier consul, déjà, par maint endroit, Le front de l’empereur brisait le masque étroit. Alors dans Besançon, vieille ville espagnole, Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole, Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix…C’est moi «
Je ne vais pas vous raconter la vie de Victor Hugo car je n’en ai pas la compétence. A ce sujet, je ne peux que vous recommander la biographie d’Alain Decaux. Celui-ci consacra une partie de sa vie à connaître et raconter cet homme au destin extraordinaire.

« Victor Hugo »-Alain Decaux-Edition Perrin-books.google.com
En revanche je vous parlerai des quelques moments riches en émotions que cet homme m’a apportés durant ces années passées à Besançon.
Des événements mémorables
En effet, la ville ne rate aucune occasion de célébrer son grand homme. Les illustres frères Lumière sont nés dans une maison située sur la même place que celle où naquit Victor Hugo. Mais ce dernier rafle tous les honneurs.
Des émotions théatrâles
A l’occasion des 200 ans de sa naissance plusieurs événements furent organisés. Je me souviens très bien d’une représentation dans un petit théâtre bisontin d’une adaptation du roman « Les derniers jours d’un condamné ». Ainsi je découvris avec stupéfaction un texte d’une incroyable modernité alors qu’il avait été publié en 1829 ! Je ne sais pas ce qui m’a le plus émue : le texte lui-même ou le fait de m’apercevoir que, ce que Victor Hugo dénonçait il y a 173 ans, était toujours d’actualité. Finalement, rien dans notre monde n’a changé. Si vous ne connaissez pas ce texte, je vous invite à le découvrir. Contrairement à l’énorme biographie de Decaux, celui-ci tient dans un petit livre d’à peine 100 pages.
En 2012, la ville décida de fêter les 150 ans de la publication du roman « Les misérables ». Ce livre est considéré comme l’œuvre de toute la vie du grand homme. Tout le monde connaît l’histoire tragique de Jean Valjean, de Cosette et de Gavroche. J’ai eu le plaisir immense de voir une pièce mise en scène par Jean Bellorini qui s’appelait « Tempête sous un crâne ». Plus de 3 heures à redécouvrir ce texte dit par des jeunes comédiens. Il s’agissait d’une vraie performance car le livre n’est pas une pièce de théâtre mais un roman. Les comédiens récitaient donc, souvent à 2, le texte de Victor Hugo. Et j’ai vibré à revivre cette histoire pourtant archi connue. Elle parle de bassesse morale, de misère, d’injustice, de pardon, de rédemption…Quel grand moment ! Les 3 heures ont filé et j’en demandais encore ! Vous pouvez voir la bande annonce ici.
Des émotions face au combat pour la justice
Le même jour, un autre grand moment fut la conférence donnée par Robert Badinter sur la conception de la justice à travers Les misérables. Dans une salle bourrée à craquer, je n’ai pu que savourer la connaissance de l’ancien garde des sceaux de l’œuvre de Victor Hugo. De plus, j’ai apprécié les talents d’orateur de ce passionné de justice.
Des émotions devant la sculpture
Peu après, la magnifique statue d’Ousmane Sow fut installée sur la place de l’hôtel de ville. L’œuvre du sculpteur sénégalais me touche beaucoup. Comme je le trouve émouvant ce grand homme (2m30) ! J’aime m’arrêter quelques secondes. Je relis souvent la phrase gravée sur le socle lorsque je passe devant la statue:
« Je condamne l’esclavage, je chasse la misère, j’enseigne l’ignorance, je traite la maladie, j’éclaire la nuit, je hais la haine. »
Des émotions devant l’engagement
Pour finir sur mes émotions bisontines avec Victor Hugo, je parlerai de sa fameuse maison natale. La restauration et l’ouverture au public de cette maison de ville banale date seulement de 2013. Je vous recommande la visite pour vous imprégner de belles citations. Vous pourrez aussi mieux connaître les combats qui ont animé toute la vie de Victor Hugo. En effet chacune des 4 pièces illustrent ces combats :
- la liberté d’expression
- le tryptique misère-égalité-justice
- l’enfance et l’éducation
- la liberté des peuples.
Quand je vous dis que rien n’a changé…
Des émotions face aux grands hommes
Enfin je parlerai de ma grande émotion quand je visitai le Panthéon et me retrouvai face à la tombe de Victor Hugo. Je ne sais si c’est la solennité de l’endroit, la semi- obscurité ou ce que ce lieu représente pour moi, mais ce fut un moment vraiment particulier.
Après cette pause culturelle je ne résiste pas à l’envie de ces quelques vers, juste pour le plaisir des mots:
« Il y a un spectacle plus grand que la mer, c’est le ciel ; il y a un spectacle plus grand que le ciel, c’est l’intérieur de l’âme. » Les Misérables, Victor Hugo
Vous pouvez nous faire part de vos grands moments d’émotions en lien avec un événement culturel en écrivant ci-dessous: