Le sucre : aliment douceur ou tentation diabolique ?

une tentation avec ce dessert riche en sucre et chocolat

Le sucre est partout dans les médias ! Comme nous ne sommes pas à un paradoxe près, le sucre est présenté par certains comme l’aliment à abattre alors que, par d’autres, il est valorisé dans des recettes plus alléchantes les unes que les autres ! Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne laisse pas indifférent. Aimé ou diabolisé, il alimente les peurs ou la recherche du plaisir. Entre les deux existe-t-il un comportement raisonnable.

Le goût inné pour le sucré

La recherche a montré depuis de nombreuses années déjà que les nourrissons préféraient le goût sucré aux autres saveurs. Les photos de bébé proposées dans le cadre des travaux de Maty Chiva ont fait sourire nombre d’entre nous…

La préférence pour le sucré du nouveau-né est tout simplement un moyen d’assurer sa survie. Pour s’y préparer, le fœtus est déjà familiarisé avec ce goût par le liquide amniotique.  Cette attirance le prépare à accepter le lait maternel, naturellement sucré. En effet, ce lait le nourrira dans les premiers mois de sa vie. Puis, cette persistance de la préférence au sucré lui permettra d’assurer des apports énergétiques nécessaires pour faire face à une période de développement très rapide et essentielle pour ses futures années.

A contrario, le rejet du goût amer a pour effet d’éloigner le risque de consommer des substances toxiques dans son enfance.

Par la suite, l’appétence pour le sucré évolue selon les expériences alimentaires et l’influence de l’environnement socio-culturel. Ainsi, des personnes peuvent être des « becs sucrés » alors que d’autres préfèrent la saveur salée. Vous avez peut-être observé que ces préférences peuvent encore évoluer avec l’âge. En effet, il n’est pas rare que des personnes se mettent à aimer le sucré en vieillissant.

J’ai eu l’opportunité d’assister à plusieurs reprises à des conférences passionnantes des chercheurs du Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation de Dijon. Ceux-ci mènent de nombreux travaux afin de mieux comprendre les mécanismes des préférences alimentaires, mais aussi des attitudes qui influencent les comportements. Ceci est particulièrement important dans l’éducation nutritionnelle des jeunes enfants. Il va évidemment de soi que celle-ci conditionnera la manière de se nourrir à l’âge adulte.

La cacophonie médiatique

Si vous allez faire un tour dans les rayons des librairies, vous remarquerez le nombre important de livres de recettes de cuisine, et en particulier de douceurs en tout genre. Ils vous proposent de devenir experte en tartes, friandises au chocolat, glaces, petits et gros gâteaux,… Les photos, plus alléchantes les unes que les autres, ont un fort pouvoir attractif pour les gourmands qui s’égarent dans les rayons.

recette sucre macarons

Les sites culinaires sur internet regorgent aussi de recettes de chefs. Mais figurent aussi les recettes d’anonymes ravis de faire part de leur dessert favori avec photos à l’appui. Le sucré occupe une place de choix dans  les rubriques. D’ailleurs, dans la culture traditionnelle française le dessert sucré fait partie des usages quand on reçoit des invités.

La télévision n’est pas en reste puisqu’elle a mis sur le devant de la scène des pâtissiers qui lui doivent une bonne part de leur notoriété.

Alors il n’est pas rare de lire dans les médias des publicités ou articles sur des personnages qui ont fait du sucré leur spécialité aux côtés d’articles de prévention des maladies métaboliques !

Pour les puristes d’une alimentation qui se veut respectueuse de l’environnement l’industrie alimentaire propose également des produits sucrés bios ou vegans.

Il existe même du chocolat qui fait du bien aux cheveux et favorise le sommeil… en vente chez des coiffeurs !

sokola

culturenutrition.com

Paradoxe, je le disais déjà dans un précédent article

De quels sucres parlons-nous ?

Quand on parle de sucre dans le langage courant il s’agit généralement d’une partie des glucides.

Les glucides se répartissent en 2 groupes :

  • Les sucres complexes, plus connus sous le dénominatif de sucres lents, ils se trouvent dans le pain, les produits céréaliers, les pommes de terre, les légumes secs,… Ils se nomment aussi amidons. Ils ont pour effets de provoquer une élévation progressive de la glycémie.
  • Les sucres simples, communément dénommés rapides, se reconnaissent à leur saveur sucrée en bouche. Ce sont ceux des fruits, des confitures, bonbons, sodas, sucre poudre ou morceaux,… Ils provoquent une élévation rapide et transitoire de la glycémie.

Les restrictions en termes de prévention de la santé concernent uniquement les sucres simples, les sucres complexes étant nécessaires au fonctionnement du corps.

Les sucres sont facilement identifiables sur les listes de composition par leur suffixe en ose : glucose, galactose, fructose, saccharose, lactose, maltose.

Intérêts et inconvénients de la consommation du sucre

Avant de diaboliser le sucre, il convient de préciser que ce n’est pas le sucre en lui-même qui pose problème. En prévention de la santé, le souci est plutôt sa consommation exponentielle dans nos sociétés industrialisées.

En effet, vous savez surement que les sportifs utilisent le sucre simple dans le cadre d’une alimentation adaptée. Il peut fournir rapidement de l’énergie aux muscles. Le sucre est également un moyen de corriger une hypoglycémie qui peut être fatale aux diabétiques de type 1.

manger un dessert sucre fait de toi un monstre

Mais le sucre ne fait pas partie des nutriments indispensables à l’organisme. Certes il apporte des calories mais pas de nutriments intéressants pour la santé. Sa consommation excessive, sous forme visible ou cachée (sodas, biscuits, chocolat, smoothie, glace,…) va favoriser de manière directe la prise de poids, l’hypertriglycéridémie (augmentation des lipides sanguins en lien avec la consommation de sucre et/ou alcool) et l’uricémie (taux d’urée dans le sang). Les effets indirects de l’excès de sucre s’avèrent être le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires mais aussi certains cancers.

Le sucre joue également un rôle démontré dans la santé bucco-dentaire. Il majore le risque de caries chez les gros consommateurs.

Une simple recommandation

En matière de prévention des risques liés à une consommation excessive de sucre, la recommandation de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation) est simple.

Vous devez veiller à ne pas consommer plus de 100g de sucre par jour en dehors du lactose et du galactose (soit ne pas inclure les produits laitiers dans les 100g). La prise de boisson sucrée ne doit pas dépasser une unité. A ce sujet je vous mets en garde contre la consommation des smoothies et jus connotés produits sains. Ils sont sucrés par les fruits qui les composent et ne peuvent être consommés à volonté. Il est évident qu’il est préférable de consommer un verre de « vrai » jus de fruits plutôt qu’un nectar ou soda.

verres de smoothies gorgés de sucre

Il faut noter que 20 à 30% des français dépassent cette limite de 100 g de sucre par jour. Cela est loin d’être négligeable en termes d’enjeux de santé publique.

Cette recommandation de l’ANSES est cohérente avec celle de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qui limite les sucres à moins de 10% de l’apport énergétique total (soit 50g pour une ration journalière de 2000 kcalories). En effet L’ANSES compte dans les 100 g maximum préconisés les sucres ajoutés et les sucres naturellement présents dans les fruits et légumes.

Savoir raison garder

Ayant effectué mes études il y a plusieurs décennies, je suis tentée de dire qu’il n’y a rien de révolutionnaire dans cette recommandation… puisqu’elle n’a pas changé !

En revanche, la consommation et les effets de celle-ci ont clairement augmenté. Marketing, publicité, distribution gratuite,… ont joué un rôle non négligeable.

Une nouvelle fois je pense qu’il suffit d’être un peu raisonnable. Sans mettre une croix complètement sur les produits sucrés, vous pouvez dans un premier temps lister votre consommation journalière. Vous pourrez repérer ainsi les produits qui vous paraissent les plus faciles à supprimer. Un carré de chocolat par jour est raisonnable mais consommer la tablette entière ne l’est pas. Est-ce que la pâtisserie au restaurant d’entreprise tous les jours ou presque est nécessaire ? Le meilleur moyen de ne pas consommer de bonbons n’est-il pas de ne pas en acheter ? Choisir des beaux fruits de saison ne vous incitera-t-il pas à en faire votre dessert favori ? Vous pouvez prendre une pause avec vos collègues sans partager le sachet de viennoiseries apporté parce qu’il y a toujours un truc à fêter.

Je suis sure que vous trouverez comment passer en-dessous de la barre des 100 g sans douleur avec un peu d’attention et un minimum de volonté. Encore un pas gratifiant pour vous.

Alors sucre ou pas sucre ? N’hésitez pas à faire part de vos commentaires sur le sujet dans le cadre ci-dessous !

 

 

 

Partager